JUILLET l590.                                   67
Hamilton et le petit Feuillant, prêchèrent le matin et le soir en diverses églises pour exhorter les pauvres à patience, leur promettant que dans peu ils recevroient un grand secours ; et que s'ils venoient à mourir dans cette affliction pour le soutien de la sainte religion catholique, apostolique et romaine, leurs ames iroient en paradis.
En ce temps, la mortalité causée par la famine répandoit dans tous les quartiers de la ville un grand nombre de morts, et on ne pouvoit aller dans les ruës de Paris sans en trouver.
Le lundy vingt-troisième, plusieurs se sont jettes pendant la nuit dans les fossés pour eschapper la faim; et ont été aux pieds du Roi lui demander du pain, et qu'il lui plût laisser sortir un certain nombre de ces pauvres gens. Le Roi, attendri par leurs larmes, leur a permis d'en sortir jusques à trois mille.
Le me jour, mourut de faim une chambriere de la maison de madame de Montpensier.
Le mercredy vingt-cinquième jour de juillet, allant à Saint-Eustache, on entendit aucuns deviser sur la mort d'une dame riche de près de trente mille écus; laquelle ne trouvant pas avec argent de quoi vivre, et voyant deux de ses petits enfans morts de faim, les avoit cachés et fait saler par sa servante; et l'une et l'autre s'en sont nourries au lieu du pain. La dame étant morte, la servante raconte par la ville cet acci-
docteur; Evauly, curé de Saint-Germain-FAuxerroU; Feuardent, cor­delier; Jean Guarinu», cordelier, savoyard de nation; Jacques Pelletier, curé de Saint-Jacques de la Boucherie, etc. On leur distribuoit, dit Vi-« try dans son Manifeste, les doublons d'Espagne, pour les encourager « à crier de plus en plus dans leurs chaires, et y semer des invectives « contre Henri rr. •
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